Un jeune Mauritanien condamné à mort pour apostasie

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Dans le nord-ouest de la Mauritanie, un jeune homme a été condamné à mort pour apostasie, jeudi 25 décembre, après un écrit considéré comme blasphématoire. Mohamed Cheikh Ould Mohamed avait été arrêté le 2 janvier et est détenu depuis lors. Il s’agit de la première condamnation à mort pour cette raison depuis l’indépendance de la Mauritanie.

La condamnation avait pour cause un des articles du jeune homme, brièvement publié sur des sites mauritaniens, qui dénonçait le système de castes dans le pays, et essayait de comprendre en quoi les enseignements du prophète Mahomet pouvaient avoir inspiré ces inégalités. Ces critiques avaient provoqué une vague de mécontentements sans précédent.

Au lendemain de l’arrestation du jeune Mauritanien, un homme d’affaires et prédicateur de Nouadhibou est allé jusqu’à proposer la somme de 4  000 euros à quiconque l’assassinerait. Un acte extrême mais pas isolé puisque lors de manifestations de colère à Nouadhibou comme à Nouakchott, certains protestataires avaient réclamé sa mise à mort, qualifiant le jeune homme de « blasphémateur », et l’accusant d’avoir tenu des propos sataniques.

Pour sa part, Mohamed Cheikh Ould Mohamed a assuré ne jamais avoir voulu porter atteinte au prophète Mahomet, qu’on lui prêtait des intentions qui n’étaient pas les siennes, et il a exprimé son repentir. Dans le principal article incriminé, relayé sur internet, il explique que l’iniquité, qui frappait les couches marginales au premier siècle de l’Islam, à l’époque du Prophète, se reconnaît aujourd’hui dans le traitement que réserve la société mauritanienne à certaines castes, notamment celle des forgerons à laquelle il appartient.

Pour cet écrit et d’autres posts sur Facebook, Mohamed Cheikh Ould Mohamed a été accusé d’apostasie, une infraction qui consiste à avoir renoncé publiquement à la religion musulmane. Ce jeune mauritanien n’a pas pu trouver d’avocats autres que commis d’office.  En février, un célèbre avocat mauritanien, sollicité par la famille du prévenu, avait jeté l’éponge après des manifestations hostiles contre le jeune homme ainsi que lu i-même et ses proches.

Joint par RFI, un responsable d’une ONG mauritanienne a critiqué une décision injustifiée contre des opinions personnelles, et a dénoncé une justice aux ordres. Son procès a, en tous les cas, suscité de vives réactions dans la région. Selon une source judiciaire citée par l’AFP, l’énoncé du verdict a été suivi d’une scène de joie dans la salle d’audience. Précision d’importance : la peine de mort n’est plus appliquée en Mauritanie depuis 1987.

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