Pétrole: le spectre de 1986 hante Alger

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PETROLE

En six mois le pétrole a connu une chute vertigineuse. Le  prix du baril d’or noir est passé de 115 dollars à moins de 55 dollars.  La  situation hante Alger. Car la psychose de l’année 1986 est revenue dans les esprits des autorités algériennes.
Les hydrocarbures assurent 95 % des rentrées en devises d’Alger. La fiscalité pétrolière supporte 60 % du budget de l’État. Depuis des années, le pays table son budget sur la base de 37 dollars le prix du baril. Un jackpot confortable quand le baril dépasse les 100 dollars, le surplus allant à un fonds de régulation des

recettes chargé de financer le déficit budgétaire et les programmes de développement. Avec le retournement de la tendance, le fonds de régulation a diminué, passant de 70 milliards de dollars en 2013 à moins de 55 milliards aujourd’hui. Concrètement, le budget algérien a besoin d’un baril aux environs de 100 dollars pour trouver son point d’équilibre.
Les responsables ont la hantise de revivre le scénario du choc pétrolier de 1986. A l’époque, lebaril d’or noir était tombé, en termes réels, au niveau de prix qui était le sien avant le premier choc de 1973. Alger avait mis une bonne décennie à se remettre de cette crise qui avait accru son endettement, l’avait obligé à recourir au FMI et n’avait pas été totalement étrangère à l’explosion de colère des jeunes, en octobre 1988, même si le chômage et la “mal-vie”, comme l’on dit à Alger, n’étaient pas les seules raisons des manifestations. Aujourdhui, la situation est differente mais  le contexte politique tendu consécutivement à la maladie du président Bouteflikha risque de se détériorer dans le scénario d’un cours de baril en dessous des 50 dollars.

L’Algérie dispose aujourd’hui d’importantes réserves de change : 193 milliards de dollars en juin 2014, soit trois ans d’importations. Dans un premier temps, la troisième économie africaine aurait souhaité que les gros producteurs de l’Opep, l’Arabie saoudite au premier chef, consentent à réduire leur production. “L’Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres du marché”, déclarait, le 28 décembre, le ministre algérien de l’Énergie, Youcef Yousfi.

Le ministre suggére de réduire l’excédent pétrolier de deux millions de barils par jour, alors que l’actuel niveau de production globale de l’Opep est de 30 millions de barils par jour. “Il n’en est pas question”, a répliqué le ministre saoudien du Pétrole, “même si le prix du baril doit tomber à 20 dollars”. Riyad ne voit pas, non plus, la nécessité d’organiser un sommet extraordinaire de l’Opep (la prochaine conférence doit se tenir en juin), comme l’a suggéré Youcef Yousfi.

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