Pourquoi les USA sont incapables d’abattre les missiles nord-coréens

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Deux missiles balistiques lancés par Pyongyang, ont survolé le territoire du Japon. Pourquoi Tokyo ne les intercepte-t-il pas ? Les officiels disent que ces missiles ne sont pas dangereux, mais cela ne semble guère convaincant. Les intercepter serait un coup de propagande et une manœuvre excellents pour intimider Kim.

Des excuses peu convaincantes

Le 29 août et le 15 septembre, Pyongyang a procédé à deux lancements de missiles balistiques Hwasong-12. Survolant le territoire japonais, ils sont tombés dans l’océan Pacifique, à environ 2000 kilomètres du cap Erimo de l’île japonaise de Hokkaido. Les déclarations belliqueuses du chef du Pentagone, James Mattis, qui a prétendu que les États-Unis abattraient les missiles balistiques de la RPDC, même s’ils ne constituaient aucune menace pour le territoire des États-Unis, semblent avoir été oubliées.

Les Japonais ont l’air troublé. Le secrétaire en chef du cabinet japonais, Yoshihide Suga, a déclaré : « Nous ne l’avons pas intercepté (le missile), parce que nous ne nous attendions à aucun dommage sur le territoire japonais. » Seulement, cette déclaration a l’air d’une tentative peu convaincante visant à justifier l’inaction. Le système d’alarme s’est déclenché pour la population, et les gens se sont précipités dans les sous-sols et les abris. Les gens commenceront-ils à poser des questions au gouvernement après une ou deux alertes de ce genre ?

Pourquoi personne n’intercepte les missiles nord-coréens?

En déclarant que les États-Unis détruiraient un missile balistique nord-coréen portant une ogive nucléaire en plein air, le Pentagone induit en erreur non seulement le public, mais aussi son propre gouvernement, déclarent des experts militaires de la technologie de défense antimissile.

Les États-Unis auront du mal à abattre les missiles nucléaires nord-coréens, c’est un point de vue partagé par Joe Cirincione, président de l’organisation de sécurité mondiale spécialisée dans les armes nucléaires, le Plowshares Fund, et par Kingston Reif, directeur de Disarmament and Threat Reduction Policy à l’Association du contrôle des armes.
Selon les deux experts occidentaux, les États-Unis promeuvent leurs systèmes de défense antimissile tandis qu’aucun d’entre eux n’est capable d’intercepter un missile balistique nord-coréen.

Quand Pyongyang a lancé un missile au-dessus du territoire du Japon, il a volé à de telles altitudes qu’aucun système américain n’aurait pu l’atteindre, a déclaré M.Cirincione dans un rapport pour Defense One.

«770 kilomètres au-dessus du Japon à l’apogée de sa trajectoire de vol. Ni le Japon ni les États-Unis n’auraient pu intercepter ce missile. Aucune des armes existantes de défense antimissile balistique n’a une telle portée», a-t-il souligné.

Lance Gatling, expert ès armes de Nexial Research installé à Tokyo, partage le même point de vue. Le missile survolait le Japon à très haute altitude et à très grande vitesse. À l’altitude d’environ 550 kilomètres au-dessus de Hokkaido, le missile était tout juste à portée du SM-3 (intercepteurs navals japonais). Quant au système Aegis, a dit l’expert à Deutsche Welle, il aurait été censé se trouver à un moment exact en un lieu précis, pour être capable de tirer sur le missile nord-coréen.

La partie continentale des États-Unis est protégée par le complexe Midcourse Defense basé au sol. Ce système est capable d’intercepter des missiles dans l’espace, mais il n’a touché que la moitié des cibles lors des essais. Enfin, il y a eu une explication évidente : Dans le droit international, l’espace n’est rattaché à aucun pays.

Selon le directeur du Plowshares Fund, actuellement, les États-Unis ont une chance sur deux d’abattre en vol un missile semblable au Hwasong-12. En outre, ce serait seulement possible dans le cas où Pyongyang n’utilise pas de contre-mesures, telles que des leurres (certains aussi simples qu’un ballon), des brouilleurs électroniques et des bandelettes métallisées.
Il existe aussi un problème avec les lanceurs d’Aegis basés en mer: malgré leur flexibilité par rapport aux systèmes terrestres fixes, les navires doivent se trouver précisément «au bon endroit au bon moment» pour pouvoir intercepter un missile, selon les experts.

«Ce serait une tâche très exigeante qui impliquerait une quantité importante d’approximation, car les navires devraient être au bon endroit au bon moment pour réussir une interception en mer», a déclaré M.Reif, cité par Defense One.

Il existe un système américain qui devrait devenir une solution ultime face à cette menace — le «Ground-Based Midcourse Defense», ou GMD, indiquent les experts. Ce système, qui a déjà coûté aux États-Unis environ 40 milliards de dollars, serait en mesure d’abattre les missiles au point le plus élevé de leur vol, jusqu’à 3.500 milles (5632,7 km).
Mais, préviennent les experts, «serait» n’est pas égal à «fonctionnement garanti».

«Le seul système conçu pour défendre les États-Unis, connu sous le nom de GMD, a souffert de nombreux problèmes techniques et d’ingénierie. Ses essais dans des conditions contrôlées n’ont pas démontré qu’il puisse fournir une défense fiable même contre un petit nombre de missiles balistiques simples», a déclaré M.Reif.

«Le taux de réussite des systèmes GMD dans les tests d’interception a été triste», a déclaré Cirincione, en citant Philip Coyle, ancien directeur des tests opérationnels pour le Pentagone.

Les hauts responsables américains, dont le Président Donald Trump et le ministre de la Défense Jim Mattis, affirment que le Pentagone contrôle la situation et peut faire face à toute menace nucléaire, ce qui donne aux citoyens américains un faux sentiment de sécurité. Ni le continent américain, ni le Japon, ni la Corée du Sud ne sont protégés d’une frappe nucléaire nord-coréenne par la technologie de défense antimissile américaine.

Comme nous le voyons, Kim Jong-Un ne risque rien en tirant ses missiles. Il continuera à le faire jusqu’à ce que quelqu’un soit porte un coup préventif sur Pyongyang, soit s’installe à la table des négociations avec Kim. Comme les Nord-coréens sont en situation d’isolement international depuis belle lurette, les sanctions économiques n’aideront pas [, ils y sont habitués].

Sources :
Sputnik :
https://fr.sputniknews.com/international/201709241033189011-usa-abattre-missiles-nord-coreens/
Pravda :
www.pravdareport.com/hotspots/conflicts/22-09-2017/138730-kim_missiles-0/

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