Selon le quotidien israélien Haaretz, la réconciliation de la Turquie avec la Russie d’une part et Israël d’autre part est propre à faire émerger « un nouveau Moyen-Orient », dan lequel Assad pourrait même être un « bon voisin » pour Erdogan !
Le journal de gauche israélien publie un article où il se penche sur la normalisation quasi simultanée de la Turquie avec Israël et la Russie : « Cette reprise est sans doute une occasion en or pour faire émerger un nouveau Moyen-Orient. Le seul hic : la Turquie est quasiment piégée entre l’Iran et Daech. »
Le quotidien revient ensuite sur les attentats de l’aéroport international Atatürk et fait remarquer : « Ces opérations prouvent que la Turquie se trouve désormais dans la ligne de mire de Daech. Tant que la Turquie prodiguait des soins médicaux aux combattants de Daech, les fournissait en armes, facilitait leur trafic via ses frontières, ou encore fermait les yeux sur leur contrebande de pétrole, elle était bien aimée et appréciée, et Daech ne pensait pas à s’en prendre à la sécurité turque. Mais depuis qu’Ankara prend pour cible les bases de Daech en Syrie, il est devenu, lui-même, une cible pour la milice terroriste. »
Le journal, qui ne souffle mot sur les liens étroits entre Israël et les terroristes takfiristes, évoque ensuite la normalisation Ankara/Moscou et écrit : « C’est un point qui revêt une importance capitale ; il suffit de voir la réaction de la presse iranienne à cette normalisation. On lit dans le journal Aftab, proche du président Rohani : « Fin de la lune de miel Iran/Russie ? » La reprise des relations entre Ankara et Moscou a créé chez les Iraniens le sentiment d’être remplacés par les Turcs auprès de la Russie, qui pourrait avoir basculé dans le camp des anti-Assad et vouloir désormais la chute du dirigeant syrien. »
Haaretz prétend ensuite : « L’Iran et la Russie divergent désormais sur le comment de la poursuite de la guerre en Syrie. L’Iran veut poursuivre les opérations à Alep alors que la Russie dit ne pas vouloir commencer une telle bataille de sitôt. La position russe s’oppose aussi à celle du secrétaire général du Hezbollah qui avait appelé à une mobilisation générale pour la grande bataille d’Alep. »
L’analyse du journal israélien se termine ainsi :
« Les progrès réalisés par Erdogan dans le sens d’une reprise avec ses voisins pourraient finir par faire d’Assad un partenaire pour Erdogan. Mais si Erdogan se tourne vers la Syrie, cela signifie un éloignement vis-à-vis de Riyad. La double normalisation avec Tel-Aviv et Moscou a certes des impacts économiques pour les parties en présence, mais elle constitue aussi une chance de former le nouveau Moyen-Orient. »
L’analyse de Haaretz ignore toutefois une chose : le maintien d’Assad au pouvoir ainsi que l’exigent les alliés de Damas, dont la Russie, ne peut que nuire aux intérêts d’israël. Si tel est le choix d’Erdogan à travers sa normalisation avec la Russie, Israël ne pourra s’attendre qu’à un miracle pour éliminer l’Iran de l’équation.