Quand les journaux occidentaux paient des faux témoins pour leurs reportages…

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La chaîne Sky News a réalisé une enquête sur les mercenaires russes qui se battent en Syrie aux côtés de Bachar el-Assad. Que faut-il faire pour organiser une enquête journalistique selon Sky News? Inventer un scénario et embaucher un acteur! Pourtant, cet acteur joue double jeu: juste après le documentaire, il fournit les preuves de falsification.

Ce moment embarrassant quand la chaîne britannique ciblait la réputation de la Russie, mais a miné celle propre, ayant embauché un acteur russe pour donner une « vue de l’intérieur » de la guerre en Syrie…

Le reportage du journaliste John Sparks « Révélation: les mercenaires secrets russes en Syrie » porte sur la prétendue campagne terrestre russe en Syrie, à Alep, et a pour base le témoignage exclusif d’un mercenaire russe travaillant sous contrat. On dirait que le succès sera au rendez-vous? Mais on a oublié de brouiller les pistes, et maintenant c’est plutôt une révélation sur la révélation: le témoin prometteur s’est avéré être un acteur de Moscou.

Certes, Sky News a voulu décrocher un bon buzz dans les médias. Et tout allait bien dans un premier temps: le correspondant parlait d’un soldat d’une certaine « troupe de Wagner », unité secrète bien sûr, et enfin de ce soldat en personne — silhouette sombre, visage caché, voix modifiée, nom inventé. Ce « Dmitri » a témoigné de ce qui se passait vraiment dans les rangs des soldats russes venus combattre sur le sol syrien. Le journaliste a délicatement caché son visage.

« On nous a amené ici, on était quatre. Qu’est-ce qui était le plus important pour nous? L’argent, bien sûr. Tout le monde cherche de l’argent facile. Et nous, nous nous y sommes décidés », a confié le mercenaire à la chaîne.

Ni faits, ni preuves, mais le reporter tire quand même ses conclusions. Lesquelles? Il conclut qu’en Syrie il y a des centaines de mercenaires comme Dmitri qui reçoivent le salaire de 250.000 roubles par mois et font tout le sale travail: tuent à la demande des commandants, organisent des provocations. S’ils meurent, ils seront enterrés dans des tombes sans nom. L’horreur!

Duper l’Occident — peut-être, mais duper un Russe… Le soldat, de retour en Russie, a joué cartes sur table. Il a dénoncé un reportage orchestré et a avoué avoir reçu quelque 100.000 roubles pour son rôle, un peu moins que le salaire d’un mercenaire mais tout de même… L’interview a été également rédigée d’avance et mémorisée ainsi qu’enregistrée par ce Robin de Bois russe.

Lui, il s’appelle Alexandre Agapov, il vit à Moscou et gagne sa vie en travaillant dans un des théâtres de la capitale. La préparation pour le reportage, il la décrit en détail. L’acteur a eu quelques jours pour se mettre dans le rôle, tout comme dans un film sérieux.

« Il est clair que ces journalistes voulaient compromettre la Russie. Mais ici John (Sparks) a commis une erreur », a raconté l’acteur par la suite admirant la naïveté du reporter britannique. Compter sur la fidélité d’un Russe dans une affaire portant sur sa patrie… bon, M. Sparks semble s’en être encore bien sorti!

Parmi les faiblesses du film, il y a encore d’autres détails. Par exemple, les médailles remises au soldat de la soi-disant troupe de Wagner laissent perplexes les experts militaires. N’ont-elles pas été achetées par hasard sur un marché aux puces?

La rencontre de John Sparks avec Alexandre est aussi toute une histoire. Il y a quelques mois, l’équipe de tournage britannique s’est rendue dans l’oblast de Rostov, en Russie, pour y retrouver des soldats de la troupe de Wagner. Pourquoi ce choix de lieu? Dieu seul le sait. Ce que l’on sait au juste c’est que l’équipe n’est pas parvenue à retrouver la troupe et cela n’est pas étonnamment car elle n’existe pas.

Mais les journalistes ne se sont pas découragés. Ils ont tenté d’embaucher des cosaques locaux (leur façon traditionnelle de travailler?) mais les cosaques ont refusé. Toutefois, ce sont eux qui ont recommandé aux journalistes l’acteur de Moscou Alexandre Agapov. Et John Sparks, ravi, a contacté l’acteur, lui a proposé un petit boulot, a anticipé le succès à venir…

En fin de compte, le reportage a bien décroché le buzz désiré mais pas grâce aux révélations inventées. C’est déjà ça hein? On ne cherche même pas des secrets à dévoiler, on les invente.

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