Au moins 110 migrants sont morts ou portés disparus au large de la Libye, et plus encore pourraient avoir péri dans un autre naufrage, a déclaré jeudi le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
« Une embarcation avec environ 140 personnes à bord s’est retournée mercredi après avoir quitté la Libye, précipitant tous les passagers dans la mer; il n’y a que 29 survivants », a déclaré à Rome la porte-parole du HCR, Carlotta Sami.
Le navire norvégien Siem Pilot a été le premier à arriver dans cette zone, à environ 20 miles nautiques des côtes libyennes, a secouru les survivants, très éprouvés physiquement par les heures passées dans l’eau, et a récupéré 12 corps.
Les survivants ont été transférés par les gardes-côtes italiens sur l’île de Lampedusa. Les gardes-côtes italiens avaient fait état mercredi de ce naufrage, mais sans être en mesure de préciser le nombre de disparus.
« Il a coulé dès le début du périple »
Les survivants ont raconté avoir compris qu’ils risquaient de faire naufrage vu l’état de la mer, mais que les passeurs avaient alors tué par balles un des migrants pour les forcer à prendre la mer, selon les déclaration d’un médecin, Pietro Bartolo, à la télévision Tv2000.
Un second naufrage pourrait également avoir eu lieu mercredi au large de la Libye, avec quelque 125 disparus, selon le récit de deux rescapées, recueilli par le HCR. « Elles nous ont dit qu’elles étaient sur un canot qui a commencé à couler dès le début du périple. Elles sont les seuls survivantes », a déclaré la porte-parole du HCR.
Ce naufrage n’a toutefois pas été confirmé par les garde-côtes italiens, qui coordonnent les opérations de secours. Interrogés par l’AFP, ils ont affirmé ignorer tout d’une opération de secours ayant permis le sauvetage de deux femmes. Une seule opération a eu lieu mercredi, celle ayant permis de sauver 29 personnes, ont-ils affirmé.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a cependant fait état des mêmes témoignages, portant le bilan des deux naufrages à 240 morts.
« Trop peu a été fait pour éviter de telles tragédies », a déclaré le porte-parole de l’OIM en Italie, Flavio di Giacomo. Plus de 4.000 migrants, hommes, femmes et enfants, ont trouvé la mort en Méditerranée cette année, selon les organisations internationales.
Environ 750 migrants ont été sauvé jeudi par les navires des gardes-côtes italiens, de l’agence européenne Frontex, et d’autres organisations. Le Topaz Responder, un navire affrété par l’organisation maltaise MOAS, a secouru près de 180 migrants, selon un photographe de l’AFP qui se trouvait à bord.
« Avant l’aube, nous avons vu un canot de migrants, éclairé par le projecteur de recherche du Responder », a raconté le photographe, Andreas Solaro. Il a indiqué que 31 personnes, 28 hommes et trois femmes, avaient été secourus.
Panique
Dans le deuxième sauvetage, 147 migrants originaires d’Erythrée, du Ghana, du Soudan, du Mali et de la Sierra Leone, dont 20 femmes, ont été secourus.
« L’équipage leur criait de s’asseoir et de rester calmes en attendant que des gilets de sauvetage leur soient transmis, mais ils se sont agités et une dizaine d’entre eux sont tombés par dessus-bord », a encore raconté le photographe. Tous ont été récupérés sains et saufs.
Le mois d’octobre a vu un nombre record de migrants arriver en Italie – 27.000 -, et les départs n’ont montré aucun signe de ralentissement, malgré les conditions météo qui se détériorent en Méditerranée.
L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a affirmé jeudi que la pression exercée par l’Europe sur l’Italie pour qu’elle gère seule la crise migratoire, avait mené à « des expulsions illégales et de mauvais traitements qui, dans certains cas, sont assimilables à de la torture ». Le chef de la police italienne a démenti catégoriquement ces accusations.