Pour tous ceux qui veulent voir disparaître le terrorisme, qui considèrent les terroristes comme les ennemis de l’humanité, la libération d’Alep a été une bénédiction. Tous les proches et les parents des victimes du terrorisme, de quelque pays qu’ils soient, y ont vu un progrès considérable dans l’éradication du pire fléau du 21ème siècle.
Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Pour la France c’est même une catastrophe. Un des monuments les plus représentatifs de la France, un des plus symboliques aussi, a été utilisée pour exprimer le deuil causé par la défaite des terroristes d’Alep. Cela équivaut à un drapeau en berne. Les autorités françaises se sont comportées comme s’il s’agissait d’une défaite française. Et si l’on se réfère à la politique étrangère française au Moyen-Orient depuis cinq ans, il semble bien que c’en était une.
Il suffit de sortir des prudences sémantiques habituelles et d’oser appeler les choses par leurs noms pour s’apercevoir que la défaite des terroristes en Syrie est bien la défaite des pays de l’OTAN, et donc de la France. Le président français s’était pourtant clairement engagé à combattre ces mêmes terroristes. Lui et les membres de son gouvernement concernés ont été on ne peut plus explicites sur le sujet, prenant des mesures intérieures dignes d’une nation en guerre. C’est même une des seules fois depuis la Deuxième Guerre Mondiale qu’un gouvernement français déclare ouvertement que le pays est en guerre, et prend les mesures dans ce sens, les autres interventions militaires françaises n’ayant jamais été considérées officiellement comme des guerres.
Avec la guerre de Hollande contre le terrorisme, nous nous trouvons devant une situation absurde. Quand l’ennemi perd, nous perdons, et quand il gagne, nous gagnons. Il n’est pas besoin d’avoir fait l’Ecole de Guerre pour deviner que si nous les bombardons, nous avons tout intérêt à ne pas le faire trop fort et, surtout, à veiller à conserver leurs capacités de combat. Nos élus sont-ils au courant de cette nouvelle forme de guerre dans laquelle l’ami et l’ennemi ne font qu’un, c’est-à-dire que nous menons une guerre sans véritable ennemi ?
Chez les Britanniques, les Américains, les Allemands, etc., les dirigeants suivent le même agenda que la France, mais gardent un minimum de pudeur vis-à-vis de leurs concitoyens en essayant de masquer leur jeu, même s’ils y parviennent de plus en plus difficilement. Ils ont certes poussé les hauts cris quand ils ont appris qu’Alep allait être libérée, mais ils n’ont utilisé aucun de leurs symboles nationaux pour marquer leur dépit. Ils sont restés propres. En France, les dirigeants ont voulu jouer dans l’émotionnel et frapper fort. Du Hollywood pur jus avec les symboles nationaux. Apparemment ils peuvent se le permettre sans aucun risque. Tout comme ils ont pu se permettre de mettre en place un mode de gouvernance par état d’urgence permanent instauré sur la base de motivations qui s’avèrent aujourd’hui être une véritable supercherie. Il n’y a pas une très grande différence avec l’idée que l’on se fait d’une république bananière, si ce n’est le fait qu’une république bananière comporte au moins une opposition et une population hostiles qu’il faut mater. En France, il n’y a rien de tel ; tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
La triste extinction de la Tour Eiffel le jour de la libération d’Alep est, au minimum, un aveu de complicité avec les barbares pour les crimes et les massacres que ceux-ci ont perpétrés en Syrie. D’une certaine manière, le geste symbolique des autorités françaises est lourd de sens. Peut-être bien que l’extinction de la Tour Eiffel cette nuit-là inaugure le début de l’extinction des feux de la France et de l’Occident. Après Alep, le monde ne sera plus jamais comme avant. Il reposait sur trop de mensonges dont une grande partie a été mise à découvert et ces mensonges continuent à être démontés un à un, malgré les efforts gigantesques de la machine médiatique pour s’y opposer.