Aina Gamzatova a officiellement posé sa candidature à l’élection présidentielle russe qui se tiendra au mois de mars prochain. À 46 ans, cette journaliste originaire du Daghestan va rentrer dans les livres d’histoire en devenant la première femme musulmane à se lancer dans la course au Kremlin.
Depuis l’éviction d’Alexeï Navalny, principal opposant au pouvoir en place, l’issue du scrutin présidentiel russe ne souffre plus d’aucun doute. Vladimir Poutine va rempiler pour six années supplémentaires à la tête du Kremlin.
Des candidats figurants
Parmi les candidats qui défieront Poutine le 18 mars prochain à l’occasion du premier (et sans doute unique) tour de la présidentielle, on retrouve notamment Ksenia Sobtchak, la candidate des libéraux considérée comme la « Paris Hilton russe », Pavel Groudinine du parti communiste, le nationaliste Vladimir Jirinovsk ou encore… l’actrice porno Elena Berkova. Tous ces candidats plus ou moins crédibles n’ont aucune chance d’inquiéter le président sortant.
Aina Gamzatova s’est lancée elle aussi dans la course la semaine passée et sa candidature a été confirmée par la commission électorale russe. Si ses chances de l’emporter sont également nulles, Aina Gamzatova a surtout pour ambition d’améliorer la visibilité de son Daghestan natal et de sa communauté musulmane, laquelle y est majoritaire, rapporte Al Jazeera.
Musulmane, Aina Gamzatova l’est également et devient ainsi la première femme de cette confession à se présenter à l’élection présidentielle russe, pour la plus grande fierté de ses supporters qui se sont réunis en masse samedi à Makhatchkala, la capitale du Daghestan, l’une des républiques de Russie.
« Une femme en hijab n’est pas seulement une mère ou une femme soumise »
Plutôt méconnue à Moscou, Aina Gamzatova n’est pas n’importe qui au Daghestan. Elle est l’épouse du Mufti du Daghestan, Akhmad Abdulaev, et dirige le plus grand holding médiatique musulman du pays, Islam.ru. Si certains estiment qu’elle n’aurait pas dû « sortir de l’ombre de son mari », d’autres se réjouissent de sa candidature, comme l’ancien champion olympique de boxe et ministre adjoint des sports du Daghestan Gaidarbek Gaidarbekov.
« Même si elle perd, les gens réaliseront, grâce à elle, qu’une femme revêtue d’un hijab n’est pas seulement une mère ou une femme soumise, mais qu’elle est aussi une personne éduquée, compétente, sage et très respectée », a écrit l’ancien boxeur sur Instagram.
« Poutine n’aura pas ses traditionnels 146% dans cette république »
Consciente qu’elle ne pourra pas rivaliser avec l’indéboulonnable Vladimir Poutine, Aina Gamzatova espère néanmoins réaliser un carton plein au sein de la communauté musulmane présente en Russie et surtout dans son fief du Daghestan. Et pourquoi pas fragiliser la position du président dans le Caucase du Nord. « Poutine n’aura pas ses traditionnels 146% dans cette république », a d’ailleurs ironisé Zakir Magomedov, célèbre blogueur local, cité par Al Jazeera.
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