Vladimir Soloviev (Journaliste): Qu’en est-il du poids de la responsabilité du bouton nucléaire, alors que des millions de vies, sinon le sort de toute l’humanité, sont entre vos mains? Et aussi envoyer nos hommes se battre dans des horizons lointains, sans aucune garantie qu’ils reviendront vivants. Comment prenez-vous de telles décisions? Comment assumez-vous une telle responsabilité sur une base quotidienne.
Vladimir Poutine: Cette responsabilité est inévitable pour le président. Cela fait partie de la fonction. Et avant de prendre de telles décisions, tout doit être soigneusement pesé. Pour ce qui est du bouton nucléaire, pour être clair, je pense que la question est mal placée.
Vladimir Soloviev: Excusez-moi, mais je dois le demander …
Vladimir Poutine: Oui, oui, je comprends. Mais ce n’est pas nous qui avons tout commencé. Permettez-moi de vous rappeler que la première bombe atomique n’a pas été créée par la Russie mais par les États-Unis. C’est pour le premier point.
Deuxièmement, nous n’avons jamais utilisé une arme nucléaire. Ce sont les États-Unis qui l’ont utilisé contre le Japon. De plus, dans de nombreux manuels japonais, ce fait est passé et attribué aux «Alliés». Quels ‘alliés’? L’Union Soviétique était alliée aux Etats-Unis mais ils ne nous ont même pas informés. Et de nombreux experts assurent qu’il n’était pas nécessaire de l’utiliser. Mais les États-Unis l’ont fait. Qui peut garantir que cela ne se reproduira plus? Tant pis pour le deuxième point.
De plus, nous ne sommes pas les seuls à être équipés d’armes nucléaires. En plus des États-Unis, il y a la République populaire de Chine, la France, la Grande-Bretagne, la Russie … Cinq puissances nucléaires principales. Et il y a des puissances nucléaires qui ne sont pas reconnues par la communauté internationale. Ce sont l’Inde, le Pakistan, Israël … Donc nous ne sommes pas seuls. Et si tous ces autres pays ont des armes nucléaires, pourquoi la Russie ne les aurait-elle pas?
Votre question est bien sûr très importante et très sensible, mais je veux que vous, ainsi que le peuple russe et tous ceux qui nous écoutent à l’étranger, sachions que nos plans pour l’utilisation d’armes nucléaires (et j’espère que cela ne sera jamais arrivé) prévoient seulement un «lancement de contre-attaque».
Qu’est-ce que ça veut dire ? Que la décision d’utiliser des armes nucléaires ne peut être prise que si notre système d’alerte précoce détecte non seulement le lancement d’un missile, mais donne également une prévision précise de sa trajectoire de vol et du moment du vol, l’impact des ogives nucléaires sur le territoire de la Fédération de Russie. C’est ce que nous appelons un «lancement de contre-attaque». En d’autres termes, si quelqu’un décide de détruire la Russie, nous aurons le droit légitime de riposter.
Certes, ce serait une catastrophe mondiale, ce serait une catastrophe absolue pour le monde entier et l’humanité. Mais en tant que citoyen russe et dirigeant de l’Etat russe, je me demande: à quoi sert ce monde s’il n’y a plus de Russie?
question capitale:une puissance n’est puissance que si elle se maitrise et maitrise tout ses engagements et ses retombés.pour paraphraser Rabelais la science sans conscience n’est que ruine de l’âme,le monde n’est monde que lorsqu’il contien des humains.evitons toute exagération.nous ne voulons pas assister de nouveau à cette rwandisation.