Huit pays ouest-africains ont accepté de changer le nom de leur monnaie commune en Eco, rompant enfin les liens avec le franc CFA. L’Eco sera toujours ancré à l’euro, mais la règle selon laquelle les États membres conservent 50% des réserves au Trésor français sera supprimée.
Huit pays d’Afrique de l’Ouest ont accepté de changer le nom de leur monnaie commune en Eco finissant par rompre les liens avec le franc CFA. Le franc CFA, lié à l’ancien souverain colonial français, a toujours été condamné pour sa représentation du néo-colonialisme.
Depuis 1945, le franc CFA est la monnaie utilisée par les colonies françaises, et l’utilisation de la monnaie s’est poursuivie après l’indépendance.
Les rapports indiquent que l’Eco sera toujours ancré à l’euro, mais la règle selon laquelle les États membres conservent 50% des réserves avec le Trésor français sera supprimée. Par ailleurs, le représentant français au conseil d’administration de la banque centrale régionale sera supprimé, ce qui donnera de l’autonomie à l’organisme.
Commentant l’évolution de la situation lors d’une conférence de presse, le président ivoirien Alassane Ouattara a été cité par Reuters : « C’est un jour historique pour l’Afrique de l’Ouest ». Le président français Emmanuel Macron a également assisté à la conférence de presse. Le président Macron a déclaré que la décision d’adopter l’Eco est une «réforme historique».
Le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo utilisent actuellement la monnaie. Tous les pays sont d’anciennes colonies françaises à l’exception de la Guinée-Bissau.
Le CFA est divisé en deux, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), qui comprend le Tchad, le Cameroun, la République centrafricaine, le Gabon, la Guinée équatoriale et la République du Congo, et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Les changements proposés n’affecteront que la forme ouest-africaine de la monnaie, et non le CFA d’Afrique centrale.
Cette dernière annonce a été reçue avec des réactions positives et ouvre la voie à une intégration plus poussée du continent.
Les partisans d’une monnaie unique affirment qu’elle facilitera le commerce, réduira les coûts de transaction et les paiements parmi les 385 millions d’habitants de la CEDEAO.
L’Eco devrait être adopté en 2020. La date cible de lancement a été reportée à plusieurs reprises; en 2005, 2010 et 2014; depuis que le concept a vu le jour en 2003.
Un rapport du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) indique que pour que les pays respectent l’échéance de 2020 pour la monnaie unique, la région doit s’aligner rapidement sur ses politiques monétaire et budgétaire.
Les pays doivent satisfaire à dix critères de convergence, définis par l’Institut monétaire ouest-africain (WAMI), d’ici la date limite de 2020. Les quatre principaux étant: un déficit budgétaire ne dépassant pas 3%, un taux d’inflation annuel moyen inférieur à 10%, le financement par la Banque centrale des déficits budgétaires ne devrait pas dépasser 10% des recettes fiscales de l’année précédente et des réserves extérieures brutes d’une valeur au moins trois mois d’importations.
Zertine Dabo