Les propos controversés du président français, dans lesquels il a condamné les «violations des droits humains» au Cameroun, continuent d’alimenter le débat public. Le gouvernement camerounais a mis fin à son silence, déclarant qu’il « avait l’intention de garder le contrôle de son destin ».
Les propos tenus samedi par le président français Emmanuel Macron, dans lesquels il a condamné les violations des droits de l’homme « intolérables » en lien avec le massacre de Ngarbuh après avoir été interrogé par le chef du groupe militant anti-sardinards (BAS) de la Brigade Calibri Calibro, continuent d’alimenter un débat public animé au Cameroun.
Suscitant des condamnations et des interrogations, partisans du régime et membres de l’opposition s’opposent à la réponse de Macron au militant, notamment en ce qui concerne les liens actuels du président français avec son homologue camerounais Paul Biya.
Lors du Salon International de l’Agriculture de Paris, le chef de l’Etat français a assuré avoir demandé la libération du chef de l’opposition Maurice Kamto et subordonné la participation de Biya à une conférence, tenue à Lyon début octobre, à l’exécution de cette demande.
Concernant le massacre de Ngarbuh, Macron a ajouté: « Je vais appeler le président Biya la semaine prochaine et nous allons mettre autant de pression que possible pour mettre fin à la situation. »
«Commentaires préjudiciables»
Le gouvernement camerounais, initialement discret après la publication d’une vidéo de l’interview sur les médias sociaux, a finalement mis fin à son silence, exprimant son indignation envers Calibro, qu’il a décrit comme «personne» et critiqué pour son comportement «stupide et irresponsable», et rejetant «Les mensonges» racontés par le militant.
Cependant, le ministre camerounais de la Communication, René Emmanuel Sadi, a soigneusement évité de critiquer ouvertement les autorités françaises, leur demandant simplement «d’aider le Cameroun à gérer les problèmes auxquels il est actuellement confronté». Dans un communiqué, le gouvernement a affirmé qu’il « avait l’intention de garder le contrôle de son destin ».
Néanmoins, Issa Tchiroma Bakary, ministre et leader de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD), l’un des partis formant la majorité présidentielle, a réprimandé Macron et dénoncé ses «propos préjudiciables qui portent atteinte à l’honneur et à la dignité du président camerounais». Lors d’une discussion télévisée, le politologue Mathias Eric Owona Nguini a déclaré avec ironie que «les propos de Macron ne valent pas le micron».
Zertine Dabo