Retrait du Mali à la Cedeao: le port de Dakar perd environ 2000 milliards FCFA en 12 mois

Retrait du Mali à la Cedeao: le port de Dakar perd environ 2000 milliards FCFA en 12 mois

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Le Port autonome de Dakar (PAD) traverse une période de turbulences économique sans précédent. Avec un recul du trafic maritime de 7,6% en un an, cette baisse alarmante s’inscrit principalement dans la perte d’un marché clé : le corridor du Mali. Autrefois moteur du commerce bilatéral entre les deux nations, ce corridor générait près de 1 700 milliards FCFA pour le Sénégal. Aujourd’hui, ce partenariat vital vacille, redessinant le paysage économique sous-régional au profit de nouveaux concurrents.

Conakry et Abidjan à l’assaut du marché malien

Le Mali, un pays enclavé et donc dépendant des ports voisins, avait historiquement choisi Dakar comme principal point de transit pour ses importations et exportations. Cette relation privilégiée faisait du Sénégal un partenaire stratégique indispensable. Cependant, le scénario a changé. Désormais, la Guinée (Conakry) et la Côte d’Ivoire (Abidjan) se partagent une part croissante du marché malien. Ces deux ports ont su séduire les opérateurs économiques maliens, grâce à l’amélioration de leurs services et la compétitivité de leurs infrastructures, reléguant le PAD à un rôle secondaire.

Cette concurrence accrue pénalise lourdement l’économie sénégalaise et se traduit inévitablement par une baisse du volume de marchandises transitant à Dakar. Le défi que cela représente pour le PAD n’est pas uniquement logistique, mais avant tout stratégique.

Des infrastructures modernes, mais sous-exploitées

Afin de s’imposer comme un hub logistique incontournable pour l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal n’a pas ménagé ses efforts ces dernières années. Plusieurs projets d’envergure ont vu le jour pour moderniser les infrastructures portuaires et optimiser le transport de marchandises :

  1. Port sec à Tambacounda : Un espace de stockage logistique clé pour faciliter le commerce avec le Mali.
  2. Réhabilitation de la ligne de chemin de fer Dakar-Kidira : Une alternative intéressante au transport routier, permettant une fluidité accrue des échanges.
  3. Un nouveau port céréalier et minier à Bargny-Sendou : Conçu pour soutenir les exportations minières maliennes, notamment dans le secteur très porteur de l’or et du coton.

Cependant, malgré ces investissements remarquables, l’exploitation de ces infrastructures est loin d’atteindre son plein potentiel. Au cœur du problème réside une réalité préoccupante : la perte de confiance des partenaires maliens envers Dakar. Les opérateurs privilégient aujourd’hui des alternatives jugées plus fiables, plus rapides et moins coûteuses.

Comment reconquérir le marché malien ?

Face à ce défi, le Sénégal se doit d’agir rapidement et stratégiquement. Deux axes principaux peuvent être envisagés pour inverser la tendance et regagner la confiance des opérateurs maliens :

  1. Réhabiliter la confiance des importateurs et exportateurs : Une campagne de séduction commerciale et diplomatique s’impose. L’objectif ? Montrer que les infrastructures sénégalaises répondent parfaitement aux attentes en matière de rapidité, fiabilité et sécurité. Des incitations telles que des réductions tarifaires temporaires et des partenariats avec des entreprises maliennes pourraient faciliter ce rapprochement.
  2. Cibler les exportations maliennes : Le Sénégal doit se positionner agressivement sur le secteur des produits miniers maliens, notamment l’or et le coton. Le port de Bargny-Sendou, capable de traiter d’importants volumes miniers, doit être mis en avant pour convaincre le Mali de reconsidérer Dakar comme un choix stratégique.

Ces actions nécessitent non seulement une vision à long terme, mais également une réactivité dans l’exécution des solutions proposées.

Un potentiel inexploité à valoriser

Malgré les difficultés actuelles, le port de Dakar conserve tous les atouts pour redevenir le principal hub du corridor malien. Ses infrastructures modernes, couplées à sa position géographique stratégique, en font un acteur incontournable pour les échanges commerciaux en Afrique de l’Ouest. Mais pour concrétiser ce potentiel, le Sénégal doit impérativement renforcer ses relations avec le Mali et démontrer que Dakar reste le meilleur choix pour les opérateurs économiques de la sous-région.

À l’heure où la concurrence régionale s’intensifie et où chaque port cherche à se positionner comme un pilier économique, le Sénégal n’a d’autre choix que de se retrousser les manches pour reconquérir un marché aussi stratégique que celui du Mali. Le port autonome de Dakar ne manque pas d’atouts, mais il doit désormais aller chercher ce marché pour retrouver sa place de leader.

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Said Mohamed

Said Mohamed est un polytechnicien, un web entrepreneur. Il est le créateur du site www.samomoi.com. Il lui arrive parfois de publier des flash infos sur ce site. Il est aussi membre actif sur le forum.

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