L’envoi d’un groupe aéronaval américain dans la région de la péninsule de Corée donne l’impression que les États-Unis s’apprêtent à donner au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un la même leçon qu’à son homologue syrien Bachar al-Assad.
Si le président Trump a déjà ordonné une attaque contre la base aérienne syrienne, pourquoi ne donnerait-il pas l’ordre de frapper la Corée du Nord? Depuis son arrivée à la Maison blanche, les discussions vont bon train pour savoir si les USA pourraient tenter de mettre un terme au programme balistique nucléaire de Pyongyang par la force. Mais est-ce réellement le cas?
Tous les deux ou trois ans, généralement au printemps, les médias du monde entier se mettent à écrire que la péninsule de Corée se trouve « au seuil de la guerre ». Cette année ne fait pas exception. Les publications sur ce thème font suite aux déclarations menaçantes de l’administration de Donald Trump.
La récente attaque de Tomahawk américains contre une base aérienne en Syrie et la décision d’envoyer dans la région de la péninsule de Corée un porte-avions ne font qu’ajouter des arguments en faveur de la préparation d’une attaque contre la Corée du Nord.
En réalité, de brèves consultations avec des spécialistes auraient suffi à la Maison blanche pour comprendre l’ampleur des problèmes qui seraient engendrés par une telle frappe.
Par conséquent, les Américains bluffent cette fois manifestement en utilisant l’image d’un « Trump imprévisible » pour faire pression sur la Corée du Nord et la forcer à suspendre son travail sur les missiles intercontinentaux, ou du moins à renoncer aux essais de tels missiles. L’affaire n’ira pas jusqu’à la guerre car elle serait inacceptable pour les USA.
Imaginons un instant qu’en apprenant que Pyongyang prépare les essais d’un missile intercontinental, Donald Trump décide d’utiliser la force contre la Corée du Nord. Dans la vie réelle cette probabilité est proche de zéro. Mais hypothétiquement, dans ce cas les USA pourraient se limiter à une attaque contre le missile prêt pour les essais, voire tenter de l’intercepter après son décollage. Cela ne provoquerait pas de scandale mais ne ferait pas non plus beaucoup d’effet: le travail sur les missiles continuerait, même si l’échec des essais le ralentirait.
Dans un scénario plus poussé les USA pourraient essayer de neutraliser certains sites cruciaux du complexe balistique nord-coréen: les centres de production d’armement, les entreprises qui fabriquent des pièces de missiles et d’assemblage, les centres d’essai et les entrepôts. Bien que ces sites soient minutieusement cachés et se situent généralement sous terre, et que les USA ne disposent pas d’information sur la plupart d’eux, cette frappe est théoriquement possible.
Contrairement au premier scénario, dans ce cas le gouvernement nord-coréen ne pourrait pas cacher à la population l’attaque contre le pays. Dans ces conditions, le risque de perdre la face pousserait Pyongyang à riposter. Il est même dangereux de laisser douter de sa détermination sur la péninsule de Corée, où les concessions sont perçues comme un signe de faiblesse.
De cette manière les USA, en attaquant la Corée du Nord pour éliminer une menace hypothétique, se retrouveraient impliqués dans un conflit militaire à part entière comparable à la guerre du Vietnam.
Une grande guerre en Corée entraînerait une complication de la situation économique aux États-Unis et surtout des pertes humaines que les électeurs ne pardonnent généralement pas dans les sociétés contemporaines. Une guerre ferait des milliers de victimes, ce qui pourrait coûter très cher à Trump et à son entourage.
Lenta