La Corée du Nord vient d’annoncer la réussite de l’essai d’un module de ré-entrée en atmosphère lancé par un missile balistique à portée intercontinentale.
Selon l’agence officielle KCNA, le vol du missile balistique a duré 47 minutes et 12 secondes, atteignant une altitude de 3724 kilométres.
Si ces chiffres sont corrects et en admettant un charge utile dans les normes admises, ce missile qui a mis 47 minutes pour tracer une longue trajectoire en lob vertical en parcourant près de 1000 kilomètres peut avoir une portée maximale de 10 500 kilomètres et donc frapper le territoire US.
Il est à noter que la rotation de la terre augmente la portée des fusées et des missiles balistiques lancés vers l’Est.
Cela veut dire que la Corée du Nord avance bien plus vite que prévu dans le développement de ses vecteurs balistiques et qu’en l’état actuel des choses, un missile balistique KN-20 (Hwasong-14) de la seconde Artillerie stratégique de la petite République populaire de Corée est capable d’atteindre Los Angeles (Californie), Denver (Colorado) et Chicago (Illinois) et ne raterait Washington, la capitale fédérale, ou New York, que de 200 à 300 kilomètres!
En d’autres termes, on assiste à un moment historique rare: celui où acculés par des menaces de destruction totale et littéralement assiégés, isolés, marginalisés et financièrement étranglés depuis 1953, des sans-dents dont le budget annuel ne représente presque rien par rapport aux dépenses quotidiennes de leurs puissants et richissimes adversaires, ont fini par acquérir un moyen de dissuasion susceptible de livrer le feu nucléaire à l’intérieur du sanctuaire US, protégé durant les deux guerres mondiales des forces de l’Allemagne hitlérienne et du Japon militariste par les deux immenses étendues océaniques que sont l’Atlantique et le Pacifique.
C’est un véritable bouleversement stratégique.
A vrai dire, les Nord-Coréens n’ont jamais oublié les bombardements stratégiques US, la guerre biologique et les menaces atomiques du Général MacArthur lors de la guerre de Corée. Ils ont aussi très peu apprécié les injures de George Bush junior ou ses moqueries sur le physique jugé chétif et la taille « naine » des dirigeants et des populations de la Corée du Nord alors qu’elles venaient de survivre à de terribles famines provoquées après la chute de l’Union Soviétique en exploitant à la fois le chaos russe du temps de Eltsine et la faiblesse de Pékin durant cette période où les USA se proclamèrent de 1991 jusqu’en 2011 comme l’ultime hyperpuissance.
Paradoxalement, ce sont ces « nains », utilisant encore de vieux biplans, qui viennent non seulement d’acquérir la bombe mais également des vecteurs balistiques capables de la délivrer au coeur de l’hinterland US.
La Corée du Nord évoque donc non sans raison l’usage éventuel d’un »marteau nucléaire » en cas d’agression ou de tentative de changement de régime dont elle pourrait éventuellement faire l’objet.
Strategika51