Arrogance, condescendance et raccourcis : la diplomatie de Macron au Burkina Faso

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Emmanuel Macron devrait définitivement se borner à lire ses textes plutôt que de se lancer dans des improvisations douteuses. Au Burkina Faso, les jeunes de Ouagadougou ont rencontré le Macron que nous avions connu pendant la campagne électorale, un Macron exalté, privilégiant par-dessus tout ses postures et sa manière de s’exprimer, sans se préoccuper le moins du monde du contenu et de la portée de ce qu’il dit. Boulettes et raccourcis furent au menu à Ouagadougou, au point d’exaspérer son homologue burkinabé Roch Marc Christian Kaboré qui a fini par sortir de la salle en plein milieu du discours du président français.

 

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S’adressant aux étudiants burkinabé, le ton condescendant est difficilement supportable, mais on peut le lui pardonner si l’on se replace dans un contexte qui se veut cordial. Ce qui est moins pardonnable, c’est la réécriture de l’histoire à laquelle s’est attelé Emmanuel Macron. Pour Macron, la complexité de l’Histoire, les péripéties et les conséquences de la colonisation et de la néo-colonisation, les relations compliquées entre l’Afrique et l’Europe, entre l’Afrique et la France ou entre l’Afrique noire et le monde arabe, sans parler des retombées géopolitiques en Afrique des guerres européennes dans le monde, tout cela se résume à ceci : « c’est pas nous ».

Macron, ce n’est pas Jupiter, c’est Ponce Pilate. Les esclavagistes, ce sont des Africains. Les passeurs, ce sont des Africains. Tout est de la faute des Africains. Il aurait pu aller encore plus loin, car ceux qui poussent à l’émigration sont aussi des Africains par leurs politiques d’acceptation et de gestion de la pauvreté. Il pourrait aussi dire que ce sont des Africains qui ont tué Thomas Sankara, comme les Libyens ont tué Kadhafi ou les Irakiens Saddam Hussein. L’attitude, qu’il dénonce, à juste titre, qui consiste à dire « c’est pas nous, c’est les autres » en s’abritant derrière les apparences que permettent les raccourcis n’est pas constructive, venant d’un chef d’état d’un grand pays responsable. Le problème de l’esclavage en Libye n’en est pas à un stade où il faut nommer les coupables, mais plutôt à celui de la recherche de solutions rapides pour sauver les migrants actuellement en captivité et empêcher que les futurs candidats à l’émigration soient envoyés à la mort en Méditerranée.

AVIC RI

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