Viols et autres violences sexuelles
Human Rights Watch a recueilli des informations sur 23 cas de viol et autres violences sexuelles commis par les Forces républicaines lors de leur progression dans l’extrême ouest du pays. Toutes les victimes étaient guérés. Dans plusieurs cas, les agresseurs ont fait allusion à l’origine ethnique de la victime avant ou pendant les violences sexuelles. Des informations dignes de foi émanant d’organisations humanitaires travaillant le long de la frontière ivoiro-libérienne semblent indiquer qu’il existe des dizaines d’autres cas analogues.
Dans quelques cas, les combattants ont capturé des femmes et des filles lors de l’attaque initiale d’un village, les ont forcées à aller dans la brousse avoisinante et les ont violées. Une femme de 31 ans originaire de Bohobli, un village de la région de Toulepleu proche de la frontière libérienne, avait décidé de ne pas s’enfuir lors de l’avancée des forces de Ouattara car sa grand-mère ne pouvait pas partir et elle-même était handicapée du pied. Elle a confié à Human Rights Watch que trois hommes armés étaient entrés chez elle. Un combattant a tué la grand-mère à coups de machette, tandis que les deux autres ont traîné la femme dans la brousse, où ils l’ont violée.
Néanmoins, dans la vaste majorité des cas étudiés, les combattants ont enfermé les femmes dans des maisons pendant un ou plusieurs jours, commettant des viols collectifs répétés avant de partir pour la ville ou le village voisin. Aux alentours du 7 ou 8 mars, les Forces républicaines sont passées par Basobli, à une dizaine de kilomètres de Toulepleu en direction de la frontière libérienne. Bien que la plupart des habitants aient fui dès qu’ils ont appris la chute de Toulepleu, une femme de 25 ans qui s’est entretenue avec Human Rights Watch est restée au village pour veiller sur ses jeunes frères et sœurs :
Des rebelles armés sont arrivés au village. Sept d’entre eux ont investi la maison familiale et m’ont gardée prisonnière pendant deux nuits avec trois frères et sœurs plus jeunes et une cousine. Trois des sept hommes m’ont violée dans la maison à de multiples reprises les deux nuits. Les rebelles étaient toujours là, mais pendant la journée, j’étais autorisée à circuler dans le village. Trois autres femmes du village étaient détenues chez elles également ; je parlais avec elles pendant la journée lorsque les rebelles m’autorisaient à sortir, et les femmes m’ont dit qu’elles étaient violées aussi. Lorsque nous nous sommes parlé le troisième jour, nous avons décidé de fuir. Je suis allée chercher ma famille et dès que la chance s’est présentée, nous nous sommes enfuis dans la brousse.
Après que les forces pro-Ouattara eurent pris Bloléquin le 20 mars, elles ont également enfermé les hommes et les femmes qu’elles avaient capturés pendant les combats et qui étaient dans l’impossibilité de fuir. Dans une villa située non loin de la préfecture où étaient installés plusieurs commandants des Forces républicaines, des combattants ont violé à plusieurs reprises huit jeunes femmes guérés, dont plusieurs filles, comme l’a décrit un homme détenu avec elles :
On m’a emmené dans une maison de Bloléquin en même temps que 15 autres prisonniers. C’était une très grande villa en ville. Les chefs militaires des FAFN [autre nom donné aux Forces Nouvelles] étaient installés dans le bâtiment de la préfecture en ville, mais un autre groupe FAFN avait réquisitionné cette maison qui n’était pas trop éloignée. Ils nous ont gardés prisonniers là. Sur les 16, huit étaient des femmes – dont quelques filles de 14-15 ans. On était tous Guérés.
Pendant la nuit, ils sont venus et ont saisi les femmes, qui ont commencé à crier et à implorer les soldats de ne pas les toucher. Tous les FAFN qui étaient là avaient la même idée en tête, violer les femmes, surtout les plus jeunes. La première fois, trois des soldats sont venus en même temps et l’un d’eux a dit alors qu’il empoignait une fille : « Vos maris guérés voulaient la guerre avec nous, eh bien nous allons leur donner la guerre. »
Ils se sont même battus entre eux, devant nous, pour savoir qui pourrait être avec telle ou telle fille. Toute la nuit ils ont emmené les filles – un ou deux FAFN en attrapaient une, emmenaient la fille dans une pièce de l’autre côté du couloir, ou en bas – et puis, ils la violaient. J’ai écouté les cris toute la nuit ; je n’ai pas dormi, aucun d’entre nous n’a dormi. Puis ils ramenaient les filles, et c’était au tour d’un autre FAFN. On était tous enfermés dans la même pièce, et les filles revenaient et nous disaient que les soldats les avaient violées à maintes reprises. Elles ont dit que les soldats appuyaient la pointe d’un fusil ou une machette contre leur cou, leur disaient de se déshabiller et puis les violaient.
L’article n’est pas terminé, cliquez ici pour lire la suite
Ne pas oublier que HWI et Amnesty soutenaient Ouattara dans la crise post-électorale.
Ne pas oublier que HWI et Amnesty soutenaient Ouattara dans la crise post-électorale.
Ne pas oublier que HWI et Amnesty soutenaient Ouattara dans la crise post-électorale.